Franck Bouysse signe un époustouflant roman sorti au format Poche le 19 août dernier. L’auteur continue de faire sensation avec un nouveau récit attendu pour la rentrée littéraire Buveurs de vent.
Dans une campagne reculée, le père Gabriel appelé pour bénir le corps d’une femme à l’asile va découvrir sous sa robe les Cahiers de Rose. Ce jeune prêtre a pour mission de restituer la mémoire de cette femme. Très vite, il se plonge dans la lecture de ces cahiers. Rose. Cette jeune fille de 14 ans née dans une famille de paysan. Vendu par son père Onésime en échange d’une maigre bourse à un homme prénommé Le maître. Un père rongé par la culpabilité sans retour en arrière possible. C’est une lente descente au enfer qui attend Rose. Dans cette grande maison, la mère du maître lui explique ses nombreuses tâches allant de la cuisine aux ménages. Une vie monotone, sans affection ni considération obligées de se former une carapace pour survivre. La rencontre avec Edmond, c’est la lumière dans toute cette noirceur. Dès le début, il la met en garde, lui demande de partir. Il n’est pas doué avec les mots laissant planer un mystère autour de cette maison. Mais avec lui, elle découvre les sentiments, le chatouillement au bas du ventre quand il est près d’elle. Le moment partagé sur le dos du cheval d’Artémis dans l’écurie. Un moment comme suspendu, hors de la réalité. Elle aurait voulu ne pas descendre, continuer d’être dans les airs pour fuir cette vie, fuir un destin qu’elle ne veut pas.
Se battre contre la vie
Au fil des pages Franck Bouysse nous coupe le souffle, nous fait toucher le drame sans jamais y plonger en entier. Présente dans cette maison seulement pour donner un héritier au maître, Rose est victime de viol et de violence. Son seul échappatoire : tuer son bourreau. Cet acte lui vaudra d’être enfermé dans un asile de fous pour le reste de sa vie. Une sorte de rage va guider notre protagoniste. Sous nos yeux, cette jeune adolescente venue femme par la force des choses nous raconte son histoire en utilisant les mots, qu’elle ne maîtrisent pas toujours appris dans un journal. Les mots délivrent Rose de ses démons pendant que nous, lecteur, attendons d’être libéré des nôtres.
Camille ROUGET.